Se rémunérer en tant qu’auto-entrepreneur
1 août 2019Comment se rémunérer en tant qu'auto-entrepreneur ? Peut-on se verser un salaire ?
« Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage à demain, si on ne vous paie pas le salaire d’aujourd’hui. » Un poète, tel que Jacques Prévert, pouvait prodiguer ce type de conseil avec malice. La question pour un micro ou auto-entrepreneur ne peut pas être considérée avec autant de légèreté. Comment se rémunérer en tant qu’auto-entrepreneur. Quel montant se verser, à partir de quel délai, quel chiffre d’affaires, sous quelle forme, dans quelles conditions ? Une fois l’activité lancée, ces interrogations surgissent rapidement et il est parfois difficile de trouver les réponses.
Sommaire :
Comment se rémunérer en tant qu’auto-entrepreneur ?
Le mode opératoire pour se rémunérer est plutôt simple et les conditions peu contraignantes. En effet, dans le cadre d’une micro ou auto-entreprise, et plus globalement d’une entreprise individuelle, on n’établit aucune distinction, sur le plan juridique, entre le patrimoine personnel et le patrimoine professionnel de l’entrepreneur.
L’entrepreneur a la possibilité de se rémunérer (ou non) comme il le souhaite et quand il le souhaite, car ce qui appartient à l’entreprise appartient aussi à l’entrepreneur. Il n’a pas même pas l’obligation d’établir un bulletin de salaire, cette règle est valable aussi bien pour les micro-entreprises que pour les EURL et SARL (avec un associé unique).
Pour se rémunérer en tant qu’auto-entrepreneur, le versement du « salaire » est dans ce cadre-là réalisé sous la forme d’un transfert d’argent depuis le compte professionnel vers le compte personnel.
En revanche, pour les SAS et SASU (statuts soumis à l’impôt sur les sociétés), le chef d’entreprise est considéré comme un salarié (même s’il est considéré par ailleurs comme président de sa société). Il doit donc établir une fiche de salaire pour percevoir son dû.
Quel salaire se verser pour se rémunérer en tant qu’auto-entrepreneur?
Il n’y a pas en théorie de règles strictes concernant le montant du salaire que peut se verser un auto-entrepreneur. C’est avant tout une démarche responsable. Pour évaluer la somme qu’il se verse, il doit notamment anticiper les cotisations sociales qui représentent en général un tiers des bénéfices. Le salaire doit par conséquent ne pas dépasser les deux tiers du montant des bénéfices. Il doit être anticipé dans le plan de financement. La forme du versement doit de préférence se calquer sur le modèle des salariés « classiques » pour faciliter le suivi tout au long de l’exercice comptable.
Quelques repères pour l’estimation
Son montant doit si possible permettre de faire face à l’essentiel des dépenses courantes (en tenant compte des éventuels revenus du conjoint ou de la conjointe).
L’une des premières charges extérieures, souvent oubliée, et qu’il convient d’anticiper est le paiement des cotisations sociales. Puisque les cotisations sociales représentent un tiers des bénéfices de l’entreprise, le salaire maximum disponible est donc de deux tiers du bénéfice ou bien de la marge nette.
Selon l’État et les organismes sociaux
L’État et les organismes sociaux demandent à pouvoir estimer un montant de rémunération théorique. La règle établie dans ce domaine est la suivante :
- La rémunération pour les activités de vente de marchandises et d’hébergement touristique est estimée à 29% des recettes déclarées ;
- 50% des recettes déclarées pour les activités artisanales et commerciales ;
- 66% pour les activités libérales et prestations intellectuelles.
Quand se rémunérer en tant qu’auto-entrepreneur ?
Si se rémunérer en tant qu’auto-entrepreneur est une évidence, une question subsidiaire peut se poser : quand ? En théorie, un auto-entrepreneur peut se verser un salaire dès qu’il le souhaite. Le déclenchement de la rémunération répond cependant à une règle très simple et très pragmatique : il est vivement conseillé d’attendre que la trésorerie le permette. Comment juger si le montant est suffisant ? On peut envisager de se rémunérer lorsqu’on a réussi à cumuler l’équivalent de trois mois de chiffre d’affaires, sur le compte bancaire de l’entreprise.
Ce montant permet d’envisager les imprévus avec une relative sérénité. Il est courant qu’un auto-entrepreneur ne se rémunère pas lors de la première année. On préfère privilégier alors tout ce qui favorise la pérennité de l’entreprise : anticiper les charges (loyer, électricité…) et les imprévus.
Est-il obligatoire de se verser une rémunération ?
S’il n’est pas en règle générale obligatoire de se verser un salaire, certains cas peuvent le nécessiter :
– quand l’entrepreneur n’a pas suffisamment cotisé pour valider sa retraite avant de se lancer, il doit se verser un salaire minimum correspondant à 150 fois le SMIC horaire
– quand l’entrepreneur peut se verser un salaire dans le but de diminuer les charges fiscales. En effet, si la rémunération du gérant augmente, l’impôt sur les sociétés baisse et l’impôt sur le revenu augmente.
Pour résumer…
Se rémunérer quand on est auto-entrepreneur n’est pas une obligation, ni une priorité absolue. L’objectif n’est pas forcément d’augmenter son pouvoir d’achat personnel. La rémunération peut avoir des effets positifs pour le développement de son projet d’entreprise, c’est également un moyen de préparer l’avenir, notamment sa retraite. Il faut quoiqu’il en soit prendre en compte de multiples critères pour fixer le montant de son salaire et le faire évoluer sur la durée, en fonction de ses besoins, de ses possibilités et de ses objectifs en termes de développement et de qualité de vie.
Tous les propos de cet article sont soumis à la validation d’un expert-comptable.