Vie de famille et projet d’entreprise
14 octobre 2019Une période d’essai ne se conclut pas par une embauche. Un chef de service rend la vie au bureau insupportable. Une baisse de motivation dans son emploi actuel se fait sentir. L'envie de réaliser un projet pro auquel on tient devient une priorité.
Les motifs pour se lancer dans l’entrepreneuriat ne manquent pas. D’ailleurs, les chiffres confirment cette tendance. En effet, selon l’INSEE (août 2019), le nombre de créations d’entreprises a progressé de 15,9% durant les 12 derniers mois. Pour de nombreux néo-entrepreneurs, il faut alors envisager de faire cohabiter vie de famille et projet d’entreprise.
Vie de famille et projet d’entreprise, se pose-t-on les bonnes questions ?
Il y a de multiples données à prendre en compte, lorsqu’on décide de concrétiser un projet de création d’entreprise. Mais il y en a une à laquelle on ne songe pas forcément en priorité : comment concilier vie de famille et projet d’entreprise ? On ne raisonne pas automatiquement ainsi, lorsqu’on n’a pas grandi avec des parents entrepreneurs. Mais, cette question est-elle vraiment justifiée ?
Sommaire :
Faut-il vraiment choisir entre une vie familiale harmonieuse et une réussite entrepreneuriale ?
Avec un peu de recul, on peut identifier des points communs entre une vie épanouie de chef(fe) de famille et celle de créateur(trice) d’entreprise. En effet, dans les 2 cas, il faut gérer un budget, des relations humaines pour qu’elles soient (dans la mesure du possible) harmonieuses. On se fixe alors des objectifs communs. Il peut s’agir aussi bien d’augmentation de la productivité ou de projets de voyage.
Et si c’était un atout pour la famille et l’entreprise…
La réalisation simultanée de ces 2 types d’objectifs est-elle à la portée de tous ? Les réussites au sein de la famille n’ont-elles pas des répercussions positives sur la gestion de son entreprise ? L’expérience acquise en lançant son activité ne permet-elle pas de relativiser certains problèmes à la maison et de les gérer avec plus de recul ?
Certains entrepreneurs qui doivent gérer vie de famille et entreprise se plaignent parfois d’un manque de temps de cerveau disponible pour leur projet professionnel. Cette formule rappellera à certains les propos d’un ancien sinistre PDG de TF1. Ce dernier disait vendre à Coca-Cola du temps de cerveau disponible (celui des téléspectateurs).
Gérer la répartition du temps entre vie de famille et projet d’entreprise
74% des hommes et 78% des femmes créateurs d’entreprise estiment que leur vie professionnelle exige trop de sacrifices ; ils la jugent difficilement compatible avec une vie familiale (sondage OpinionWay pour Legalstart, 2017). D’après cette même étude, 71% des créateurs d’entreprise vivent en couple. Or, 25% des sondés ont décidé de renoncer ou de repousser sine die leur projet d’avoir des enfants. Ces chiffres tendent à confirmer cette dichotomie entre vie de famille et entreprise.
Pourtant, on constate que près d’un tiers des créateurs d’entreprises ont des parents entrepreneurs. Se sont-ils sentis délaissés « voire sacrifiés » au profit du projet professionnel de leurs parents ?
Devenir entrepreneur nécessite la mobilisation d’un grand nombre de qualités personnelles. Parmi ces qualités, figurent le sens du contact et du service, la persévérance. Il faut aussi de la motivation, de la patience, de la résilience, de l’empathie, etc… Et plus que tout, cette expérience nécessite énormément de temps.
Comment trouver des solutions pour harmoniser vie de famille et projet familial ?
Si l’on est parent, alors, avant de se lancer dans l’entrepreneuriat, il est judicieux de consulter des personnes de son entourage : celles qui connaissent ou ont connu cette situation. Le vécu est toujours plus intéressant que les principes théoriques.
Il existe un procédé assez simple pour éviter quelques pièges : dresser par écrit un certain nombre de règles. Parmi elles, on peut identifier notamment la répartition horaire entre travail et famille. Dès lors, il faut réserver, sans s’accorder de dérogation, des moments planifiés dans la semaine. Ces plages horaires doivent strictement dédiés aux enfants, à la famille, aux rituels. Ainsi, en cas de véritable impossibilité, on anticipe et donc on informe ses proches comme on le ferait avec ses clients.
Des engagements écrits auprès des enfants et son conjoint peuvent résoudre bien conflits, éviter bien des plaintes.
Cette concertation familiale sur la répartition entre activités entrepreneuriales et activités familiales aide à maintenir une harmonie familiale. Mais, cette démarche peut également favoriser les conditions de travail de l’entrepreneur, car, avec ou sans famille, un entrepreneur doit savoir s’accorder du temps pour lui, se ménager des plages hors « business ».
Cela nécessite une certaine rigueur dans la gestion de son temps de travail. Car, ce qui apparaît souvent comme une contrainte, un frein, peut rapidement permettre d’optimiser son rendement, son efficacité dans le travail.
La question du budget : celui du projet professionnel et celui de la famille.
Une fois qu’on a établi des règles et fixé des engagements au sein de la cellule familiale pour une bonne cohabitation entre projets pros et objectifs familiaux, il reste un point essentiel : les budgets.
Se lancer dans la création d’une entreprise implique d’une part des investissements en temps, mais également en argent.
La création d’une entreprise par l’un ou l’autre des membres du couple implique à la fois d’investir de l’argent pour se lancer, mais aussi d’envisager de renoncer provisoirement à un revenu régulier. Cette question est délicate, surtout lorsqu’on a des enfants à charge.
Vie de famille et entreprise, un défi
Il faut en priorité vérifier la nature de son régime matrimonial pour valider une séparation des biens, ainsi le conjoint ou la conjointe ne sera pas directement responsable financièrement, si l’entreprise est fragilisée par des soucis économiques.
L’autre point essentiel concerne le budget nécessaire pour lancer et faire fonctionner l’entreprise. Ce point nécessite de tout anticiper pour ne pas mettre en difficulté l’équilibre budgétaire de la famille, car il est prudent de se prémunir en cas de retour sur investissement incertain ou différé.
Pour résumer et conclure…
Fonder une entreprise et une famille, c’est un double-projet qui peut effrayer. Ce qui peut pousser à renoncer à l’un des deux, pour éviter des conflits, des sacrifices, des erreurs. Pourtant on peut envisager ce double projet sous un autre angle. En effet, un tel projet constitue souvent une source de motivation, de responsabilisation, d’équilibre. La famille peut avoir un rôle moteur. L’entreprise peut se transformer en un projet à partager. C’est potentiellement un futur héritage humain et financier à transmettre.
Renoncer à l’un ou l’autre ne doit pas pour autant être synonyme d’échec, c’est un choix de vie tout à fait cohérent.